Des excuses et des insultes

 Etre hors du système, se vouloir anti-système. Ségolène Royal a défini sa stratégie depuis longtemps. Depuis la campagne présidentielle de 2007 qui, pense-t-elle, lui a donné légitimité pour être la première opposante (même si aujourd'hui elle est distancée dans les sondages par la plupart des responsables socialistes). Ségolène Royal pense plus qu'elle ne le dit à la prochaine élection présidentielle, c'est son droit! Il lui fallait donc occuper l'espace politique afin de combler son retard. D'où le choix de sa cible principale, Nicolas Sarkozy, la plus évidente quand on a de hautes ambitions politiques. Nicolas Sarkozy qui, par ses déclarations et ses provocations, ses "fanfaronnades et ses rodomontades" pour emprunter à  Laurence Parisot, lui ouvre un boulevard.

Il y a donc eu le discours de Dakar et la demande de "pardon" de Ségolène Royal au nom des Français, premier "buzz". Et les petites phrases du Président sur les autres chefs d'Etats; phrases prononcées devant les élus et aussitôt suivies par une deuxième demande de "pardon" adressée par Ségolène Royal au Chef du gouvernement espagnol au nom, encore une fois, de tous les Français, autre "buzz"... 

Le résultat est flagrant. La politique est tirée vers le bas. Le phénomène n'est pas nouveau, c'est vrai. Toutefois on remarquera la nouvelle implacabilité des attaques, l'utilisation d'un vocabulaire souvent injurieux et le mépris proclamé des uns pour les autres et des autres pour les uns. Situation d'autant plus inquiétante que nous n'avons pas encore touché le fond malgré les efforts consternants de nombreux responsables qui ont la réaction courte et brutale. Que voulez-vous, tout le monde ne peut pas égaler Léon Daudet, tribun de l'impossible. Le "gros Léon", énorme dans tous les sens du terme disait-on à l'Assemblée nationale; prince en méchancetés et vitupérations; talent mis au service d'une mauvaise cause: celle du nationalisme et de l'Action Française. C'était avant!

Le plus en pointe dans ce petit jeu de déconstruction, c'est Frédéric Lefebvre. Porte parole de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy, il a tout simplement expliqué que Ségolène Royal était malade. Qu'elle avait besoin d'une aide psychologique et que ne pas la lui donner relevait de la non assistance à personne en danger, ce qui revient tout simplement à la traiter de "folle".

C'est ainsi! Nicolas Sarkozy ne s'interdit rien ou pas grand chose. Ségolène Royal en fait autant, se posant en vigie et en ultime rempart d'une "France qui décline et des Français qui souffrent". Et beaucoup d'autres se sentent libérés par leur exemple et s'en donnent à coeur joie. C'est peut-être cela être "jeune et vivant" comme le disait Bernard Kouchner pour défendre Nicolas Sarkozy. Abandonner la langue de bois pour en bricoler une autre moins civile et trop souvent injurieuse. Hurlez, hurlez, il en restera toujours quelque chose...

1 Comments

Bonsoir Monsieur Biancone. Je salue la mise en place de ce blog qui permettra à tout un chacun de discuter de la politique en France. Je dois avouer que vos éditos du matin me manquent encore, mais bon, et ne parlons pas d'un air de campagne qui est passé à la trappe après la nouvelle dynamique donnée à la programmation de la radio du monde. Rien n'est éternel!!
Madame Royal savait à quoi s'attendre quand elle a fait ces deux demandes de pardons au nom de la France. Selon moi, ces déclarations n'étaient pas justifiées, car au jour le jour, tout le monde se rend compte que Nicolas Sarkozy, président de la République Française nous sort toujours un tour de son chapeau...pour distraire et faire les yeux doux à un électorat connu. Je vis à Cotonou, et je ne suis en rien d'accord avec son discours de Dakar et sur le reste d'ailleurs. Le monde politique donne l'impression d'être impitoyable. Obama essaye de l'inhumaniser, mais c'est outre atlantique. Quoi qu'il en soit, elle(madame Royal) se fera toujours taper sur les doigts par les propos inappropriés des lieutenants de Nicolas Sarkozy. Ainsi va la politique.