Nicolas Sarkozy: stop ou encore ?

 Dis-moi d’où tu es parti. Dis-moi où tu es arrivé. Et je te dirais qui tu es… Nicolas Sarkozy est un bon communiquant.  Nous le savions déjà ! Hier soir il l’a parfaitement démontré en illustrant cette vérité populaire qui résume son intervention sur TF1 et finalement le fond de sa pensée. D’un plateau l’autre. De l’interview classique et plus que politiquement correcte de  Laurence Ferrari à celle, plus incisive mais sous contrôle, du panel de citoyens de Jean-Pierre Pernaut. De la rémunération du grand patron Henri Proglio aux difficultés quotidiennes exposées par les onze invités, Nicolas Sarkozy s’est montré précis, sérieux sur les dossiers et peu économe de son temps pour convaincre de sa sincérité et des bons choix de sa politique.

Deux heures de télévision sans réelle contradiction, hormis celle du syndicaliste de la CGT. Soit 120 minutes de réclame pour son action ; d’écoute et de réponses compassionnelles à des questions choisies par avance, sans doute parce que les français le valent bien et qu’ils doivent savoir, à la veille des élections régionales, que lui seul peut les sortir de l’inquiétude et des difficultés : telle est son opinion ! 

 Ce n’est, en effet, qu’à la fin de son mandat que le Chef de l’Etat entend être jugé. En 2012 que l’on pourra dire, selon lui, si oui ou non, il a réussi, ce qui est définitivement le juste ordre des choses. Un début, une fin. Un départ, une arrivée. Un avant, un après. Et il est vrai qu’on apprécie mal une œuvre en cours de réalisation - le pendant -, ce qui n'est plus vrai au moment de son achèvement. Nicolas Sarkozy veut donner du temps au temps qu’il prend pour réformer la France. Pourquoi ne pas en demander? l’œuvre à accomplir est immense... D’autres ont adopté la même démarche avant lui, en vain. Il veut du temps, aujourd’hui plus qu’hier et sans doute moins que demain car la crise se résorbera lentement, très lentement et il le sait... Du temps pour travailler et veiller à l’intérêt général jusqu’au terme de son mandat présidentiel : après on verra si c’est stop ou encore, a-t-il souri. Des déclarations qui ont le mérite de la concision et de la logique, la sienne. Celle d’un prétendu président du « pouvoir d’achat » qui connait une passe difficile et qui n’a plus grand-chose à offrir que la rigueur, sans oser l’avouer à son peuple qui vit mal son capitalisme revisité. Un capitalisme dans lequel les prix et les rémunérations des grands patrons s’envolent aussi rapidement que les salaires modestes stagnent ou régressent ; un capitalisme aussi magique pour les banques en période de crise, que démoniaque pour les PME et les emplois qui s’évanouissent en nuées ardentes, mélange turbulent, très chaud et surtout très explosif.  

Il n’empêche, que cela plaise ou non à Nicolas Sarkozy, le bilan d’étape est nécessaire; en politique comme dans l’entreprise. C’est même devenu un usage en démocratie. Il permet de faire le point sur ce qui a été accompli; éventuellement de le positiver, on n’est jamais si bien servi que par soi-même; ou de le critiquer et pourquoi pas ? de modifier une politique ! Et puis, il donne une perspective sur ce qu’il reste à faire et qui est autrement plus difficile à énoncer et à rendre populaire si les résultats ne sont pas au rendez-vous. La vraie hantise du politique, on l’a bien entendu avec Nicolas Sarkozy qui l’a formulé comme à regret, c’est le doute du peuple ; son sceptico-pessimisme quasi congénital et historique ; sa certitude trop souvent exprimée d’une conjuration des puissants contre lui. Il y a bien eu le : « Y’a pas de fatalité » prononcé par le Président à propos du chômage pour stigmatiser les socialistes. Inutile. Le slogan a vécu. Il n’est désormais qu’un placebo; une mesure d’efficacité thérapeutique intrinsèque nulle ou faible, au sens premier des mots, tant il a été employé ces dernières années pour de mauvaises raisons. Le silence poli des invités sur cette déclaration était éloquent. Pourtant, Nicolas Sarkozy est plutôt fier lorsqu’il jette un coup d’œil par-dessus son épaule. Certes, il a modestement reconnu - comment aurait-il pu le nier ?- qu’il restait du chemin à parcourir. Mais la France, d’après lui, est sur les bons rails : « tout devrait s’arranger et peut-être même plus tôt que prévu, si l’on se fie aux prévisions de croissance », a-t-il assuré. Ainsi, le chômage devrait reculer dans les semaines qui viennent ; les enseignants contractuels devraient être titularisés; les retraites sauvées avant la fin de l’année ; et toutes les voitures françaises vendues en France, devraient être fabriquées en France et non pas en Turquie ou ailleurs, contrairement à ce que Renault s’apprête à faire. Le volontarisme en guise de politique encore et toujours. C’est bien, mais insuffisant. Et nombreux sont ceux qui vont garder en mémoire cet inventaire pour s’y référer au moment opportun. Les espoirs affichés ? Pas de quoi permettre aux Français d’envisager l’avenir, ou tout simplement la fin du mois, avec sérénité. Comme le suggère le mot d'ordre bien connu, il s’agit maintenant et tout simplement pour Nicolas Sarkozy de continuer le combat et accessoirement de brûler quelques cierges pour que la France sorte enfin de l’ornière économique et lui de celle des sondages. C’est le prix d’un second mandat. Et les français ne sont pas dupes.

" Il n'y a pas de fatalité" (Photo pb)

 Balançant entre compassion et satisfaction, entre affirmations et négations, le Chef de l’Etat s’est maîtrisé semblable à un pédagogue devant un auditoire récalcitrant. Pas de signes d’énervements pendant ces deux heures. A peine une impatience exprimée par un regard appuyé au responsable syndical de la CGT qui insistait, qui pointait les responsabilités de la politique gouvernementale en matière de chômage et de délocalisations. Un affrontement courtois, contenu, de part et d’autre ; maîtrisé au point de crédibiliser artificiellement un débat qui n’en était pas un et une nouvelle façon d'être et de paraître devenue indispensable. L'opération de communication est-elle réussie ? Nos confrères étrangers en poste à Paris l’ont fait remarquer plus durement que la presse française : « C’était un show monarchique avec un président monarque qui écoute les doléances de ses sujets qui souffrent, comme le bon roi à leur chevet», signe par exemple le correspondant du Times à Paris… What else ?

3 Comments

Quoi encore? Laissez le faire son travail.

Eh bien voilà qui est bien dit ce qu'il fallait dire de l'entretien......
La mission du Chef de l'Etat n'est pas facile jusqu"à présent il a beaucoup oeuvré et il lui reste encore du pain sur la planche
Bon courage donc à notre Président .

What else ?

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.