Dans un monde qui rend un culte à la vitesse et à l'immédiateté, ce blog n'a d'autre ambition que de pousser à la réflexion et à l'échange; de sélectionner les décisions les plus symboliques pour mettre en évidence les stratégies politiques qui les sous-tendent ou les combattent. La rapidité érigée en vertu politique brouille la compréhension des événements. C'est l'objet du débat. Et donc, ici, de vos débats!
La tournée du patron.
L'échec électoral peut avoir des conséquences traumatisantes. Nicolas Sarkozy vient d’en faire l’expérience.
Photo pb
D’un scrutin régional, il vient de tirer, contraint et forcé, un enseignement national. Pourtant, il avait pris la peine d’intervenir, à la télévision, puis dans le Figaro magazine, à la veille du vote, pour dire aux Français qu’il ne pouvait pas y avoir un rapport d’échelle. Qu’il n’était pas concevable que des élections régionales impactent la politique nationale, ce qui n’est pas sans logique dès lors que l’on respecte, soi-même, la règle ainsi formulée. Seulement voilà : ce point de vue n’a été adopté que tardivement ; après avoir pris la juste mesure de l’ampleur de la défaite annoncée par tous les instituts de sondages. Avant, c’était un autre discours. Le chef de l’Etat, certain de grappiller quelques régions à la gauche (la majorité n’en possédait que deux depuis 2004, l’Alsace et
Les Français ont tranché. Du moins ceux qui se sont déplacés pour voter, soit 53% du corps électoral, ce qui repose la question de l’abstention et des raisons de l’abstention. Mais qu’importe ! La gauche, et tout particulièrement Martine Aubry, sont sorties confortées de l’épreuve et peuvent espérer des jours meilleurs. Le Front National a retrouvé des couleurs. Et la majorité divisée, sujette à une rage furibonde, a dû se contenter de ce que le chef de l’Etat a bien voulu concéder. Pas assez pour répondre aux attentes du « peuple », selon certains. Pas suffisamment pour ressouder un camp divisé sur la méthode et sur le fond des réformes, pour d’autres.
La violence de l'impact a fait trembler l’édifice. 21 régions pour la gauche, 3 pour la droite,
Après une défaite pareille, il fallait allez vite. Il fallait diffuser un message clair. Et puisque charité bien ordonnée commence par soi-même, Nicolas Sarkozy a concédé un « mini remaniement technique » et le renvoi de la taxe carbone à une décision Européenne. Une façon d’avaler son chapeau, tout en évitant de s’étouffer. Ces deux options ne constituent pas une réponse aux attentes des Français, mais qui se soucie de ce qu’ils expriment ? Manifestement pas le Président entravé par une cote de popularité en chute libre (35% d’opinions positives selon le dernier sondage LH2-le Nouvel observateur) et appelé, par conséquent, à jouer les secouristes malgré lui. Non, pas lui ! Et pour cause. L’urgence après le vote sanction, c’était tout simplement, à ses yeux, de ressouder une majorité au bord de la crise de nerf. Le remaniement, a donc consisté à faire entrer au gouvernement trois nouveaux. François Baroin, qui a notamment occupé les fonctions de ministre de l’intérieur dans le gouvernement Villepin en remplacement de Nicolas Sarkozy démissionnaire pour devenir candidat à l’élection présidentielle. C’était en 2007. « Cinq mois à l’intérieur et cinq ans à l’extérieur », avait commenté, un tantinet ricaneur, Nicolas Sarkozy, une fois élu, pour condamner ce Chiraquien de cœur et de conviction qui le rudoyait dans les interviews qu'il accordait généreusement. Un autre temps. Mais aujourd’hui, la résistance au Sarkozysme triomphant est oubliée, pardonnée. Le Chef de l’Etat déconfit, a piteusement troqué l’ouverture à gauche contre l’ouverture à droite pour mettre « les morts à table » comme le disait Aragon. Un geste d’ouverture censé effacer tous les affronts et panser toutes les plaies, rien n’est moins sûr. Rectifions donc. Après « trois ans à l’extérieur » et une défaite électorale sans précédent pour la droite sous
(photo pb)
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« Il n’y a pas de nouveau contrat avec le peuple, ni de changement de cap politique ni de doute sur le soutien de la majorité » a-t-il tonné de Matignon, son camp retranché. Message bien reçu par l’intéressé, Jean-François Copé. Et acte de repentance, la témérité, comme le reste, ayant des limites : « Il n’y a pas d’autre issue que d’être aux côtés de Nicolas Sarkozy pour permettre sa réélection en 2012 » a donc avoué, aussitôt, le Président du groupe UMP à l’Assemblée en pensant à 2017, son rendez-vous fantasmé avec l’histoire et l'opinion. En attendant les réformes continuent et continueront, conformément au "pacte majoritaire", mais le premier, celui passé en 2007 avec les Français, qui le contestent désormais... majoritairement..!
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1 Comments
Très bonne analyse du scrutin et de l'état d'esprit des uns et des autres, surtout à droite. La droite a perdu. Mais, au-delà de la sanction contre la politique de Sarko, la gauche a-t-elle vraiment gagné (au sens d'une reconquête des Français par un programme alternatif cohérent)? Je doute. Espérons que les S.R. et les L.F. ne se retrouvent pas de raisons "honorables" de revenir...en force!
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