PS: la fable de la réconciliation

« Nous (Ségolène et moi) avons l'essentiel en commun: nous sommes indéfectiblement des socialistes. Nous sommes des européennes. Et puis nous sommes des femmes, donc nous savons nous serrer les coudes quand c'est nécessaire ». Voilà, c'est signé Martine Aubry. Et ça va mieux en le disant, car jusqu'à présent nous n'avions eu que des preuves du contraire ! Sous peine d'une défaite en rase campagne, les têtes pensantes socialistes sont donc convenues, mais peut-être un peu tard, qu'il fallait donner un vrai sens au terme « pragmatisme » souvent utilisé sans discernement. La menace d'une abstention record qui profiterait à la majorité dans un scrutin à un tour a pesé lourd dans la réflexion. Très lourd même ! Il a fallu mettre un mouchoir sur les ambitions et les détestations pour concéder aux militants socialistes ce qu’ils réclamaient logiquement depuis longtemps: une unité proclamée haut et fort.

Et les gestes d'apaisement qui vont avec...

 

  Pierre Mauroy: "j'ai mal à ma gauche". (photo pb)

 Le meeting du Rezé avait donc pour objet de faire avaler la fable de la réconciliation.
Certes, chacun sait qu'il ne s'agit là, et pour l'instant, que d'un ravalement de façade ; d’un « coup » pour la télévision et les électeurs qui la regardent. Mais au moins permet-il d'envisager d'autres progrès pour reconstruire ce qui a été si allègrement foulé aux pieds. L'action collective, le souci de l'intérêt général, le respect de l'autre et la capacité à réfléchir à un projet qui ne se résume pas à son simple avenir personnel... Autrement dit et pour de faux, le temps de la campagne électorale, nous aurons droit à un PS revisité. Un PS  pacifié. Un PS déterminé. Un minimum presque syndical, parce que quoiqu’il se soit dit près de Nantes, les ambitions, les haines et les soupçons restent les mêmes et seront autrement plus difficiles à effacer qu’on veut bien nous le faire croire. D'ailleurs tout était si calculé à Rezé, si mesuré, si authentiquement dosé que chacun a pu comprendre que la paix signée publiquement était une paix armée. Encore une fois, elle devrait durer le temps de la campagne. Un peu plus si l'aventure collective l’emporte sur la foire aux vanités et aux ambitions. D'ailleurs, il n'y a que les responsables du PS qui se félicitent de l'unité enfin affichée. Les militants eux, restent plus modestes sur l'événement. Ils jugent la chose normale. Ils la réclament depuis trop longtemps pour s'étonner de la voir survenir. Le rendez-vous manqué de 2002 les avait foudroyé. L'errance consensuelle des années Hollande les avait démobilisés. Le congrès de Reims avait fini de les dérouter. Les socialistes étaient debouts, mais groggy. Dès lors, quoi de surprenant à ce qu'ils se sentent floués par un parti qui parle sans cesse de démocratie interne sans pour autant l'appliquer réellement ? Une situation qui tue l'enthousiasme sans lequel le militantisme reste un vain mot. Vous avez dit abstention ?

1 Comments

Puisqu'arrive inévitablement dans une démocratie le moment des échéances électorales devant le peuple, et qu'il faut bien se rassembler sous peine de disparaître, que se passe-t-il dans la tête des Ségo et Martine pour qu'elles n'arrivent pas à anticiper et se mettre d'accord avant plutôt qu'après : elles perdent tout de leur crédibilité !
Martine, de http://www.mrpari.com/