Socialistes au bord de la crise de nerf

François Lamy (photo pb)

"Un message de Martine Aubry à vocation universelle"

 

Comment résoudre la question de l’unité ? C’est à cette seule problématique  que doit s’atteler le PS sous peine de se décrédibiliser définitivement et d’apparaître comme le parti du désordre et de l’irresponsabilité. Le dernier épisode en date, celui du courrier échangé entre Martine Aubry et Manuel Valls en atteste. La planète socialiste tangue dangereusement. Et rien ne semble pouvoir calmer la tourmente qui s’est abattue  sur elle. « Cesse tes critiques contre le PS ou quitte le » a  écrit Martine Aubry. « Je t’informe que j’entends bien rester fidèle à mon poste, à ma famille politique, à mes valeurs » lui a répondu Manuel Valls, avant d’ajouter : « je ne me ferai pas le silencieux complice de l’aveuglement ».

Claude Bartolone (photo pb)
"Aujourd'hui il y a des règles de vie en commun qui doivent être respectées".

En clair, Manuel Valls entend bien continuer à dire ce qu’il pense. Il est en désaccord total avec la démarche engagée par la direction issue du congrès de Reims. L’anti-Sarkozysme à tout prix ne constitue pas une stratégie à ses yeux. Il n’est rien d’autre qu’un alibi à la sécheresse de la pensée de l’équipe en place. Un substitut. Une erreur, dans tous les cas, qui ne peut qu’engendrer la décomposition du PS, la rénovation passant par d’autres voies. C’est raide. Mais Manuel Valls n’est pas le seul à voir les choses ainsi. D’autres ont également parlé pour dénoncer. Jack Lang, Arnaud Montebourg, Gérard Collomb et même François Hollande au bilan brocardé par  l’équipe Aubry.

Gérard Collomb (photo pb)
"Dix personnes rue de Solférino qui font la pluie et le beau temps. Il faut arrêter"

Mais Manuel Valls reste, avec Jack Lang, une exception. Il penche à droite. Trop, selon certains. Beaucoup trop ! Au point de se montrer quelquefois peu critique, voire même compréhensif, vis à vis du chef de l’Etat. Et cela plus souvent qu’à son tour. Ce que ne lui pardonnent pas les stratèges qui ont opté pour l’opposition frontale.  

François Rebsamen (photo pb)
"La parole socialiste ne porte pas" 

Au delà, ce méchant échange épistolaire Aubry-Valls renvoie au débat, essentiel et lourd de conséquences, de l’abandon de la discipline collective au lendemain de la défaite de l’élection présidentielle de 2002. Faute de chef incontesté et incontestable, les vocations se sont multipliées au delà du raisonnable. Merci qui ? Merci Lionel Jospin qui n’a pas su préparer la suite. 2007 l’a prouvé. Il faut, au PS, un chef. Une autorité indiscutable et indiscutée. François Hollande ne l’a pas été. Martine Aubry est désormais à la peine. Militante sincère, soucieuse du collectif, elle reste incapable de susciter l’adhésion et l’enthousiasme nécessaire pour calmer les ambitions personnelles. Comme son prédécesseur, elle a fait du projet la priorité et elle a cédé à ceux qui désiraient différer le plus tard possible le moment du choix de celui qui serait chargé de le porter. Erreur ! Tout ce qui se passe aujourd’hui le prouve. Cernée, sous pression, contestée dans ses initiatives par ses alliés de la gauche, Martine Aubry a voulu faire un exemple pour reprendre la main et tenter de s’affirmer. Elle n’a réussi qu’à se mettre en danger. Son message a une "vocation universelle", dit sans sourire son entourage. Alors il devra être suivi d’effets où c’est elle, la Première secrétaire, qui rendra des comptes aux électeurs de gauche.

 

2 Comments

Quelle pertinence dans l'analyse politique, une position éditoriale originale ... Bravo. On attend du parti socialiste une reconstruction solide et pérenne.... Vite !

La démocratie à la française a quelque chose de fascinant tout autant que dramatique. Autant nous déplorons nos partis politiques SPRL où famille et collège des fondateurs font et sont la loi, autant votre démocratie déconstruit les meilleurs de ses fruits; ainsi, les primaires ont bouffé les éléphants du PS et, aujourd'hui, vous voici à la recherche des chefs incontestés...En attendant que Manuel Valls passe à droite et que les commentateurs accusent Sarkozy de débauchage...