Dans un monde qui rend un culte à la vitesse et à l'immédiateté, ce blog n'a d'autre ambition que de pousser à la réflexion et à l'échange; de sélectionner les décisions les plus symboliques pour mettre en évidence les stratégies politiques qui les sous-tendent ou les combattent. La rapidité érigée en vertu politique brouille la compréhension des événements. C'est l'objet du débat. Et donc, ici, de vos débats!
Seignosse: La majorité en chantant
Campus de l'UMP.
Ciel clair. Mer agitée à peu agitée. 23°C. L'été indien...
Ils ont choisi Seignosse, une petite commune des Landes, pour se réunir. Près de 2000 jeunes militants ensemble pour travailler, pour réfléchir et pour s'amuser. C'est la rentrée pour le parti majoritaire. Ou presque, car l'été a été studieux. Les jeunes ont fait la tournée des plages pendant que le gouvernement prenait quelques petits jours de vacances après une année longue et difficile. Le Président a maintenu le rythme et le cap. Les réformes ont succédé aux réformes. "C'est trop" ont fait remarquer certains dans la majorité sans être entendus. "Et trop de réformes, ça vous tue la réforme". Peine perdue. Le malaise vagal et estival du Président n'a pas ralenti la cadence, ou si peu. Et que dire de ce qui a été promis pour les mois qui viennent ? Il y a les rendez-vous internationaux avec la réforme du capitalisme. La révision générale des politiques publiques. La maîtrise des finances. La réduction des dépenses de l'État. La taxe carbone. Et les élections à préparer.
"A Seignosse, il y aura des débats sur le fond et pas sur le nombril comme cela a été le cas à la Rochelle" a prévenu Eric Woerth...
(Photos pb)
Au programme du ministre du budget: l'animation d'un chat avec une question importante, l'Etat est-il en faillite ? Non, non a répondu Henri Guaino. Ce n'est pas la dette de l'Etat qui a provoqué la crise, mais la dette privée. Il ne faut pas confondre. Et un avertissement, un: "l'indécence ne sera plus supportée, car elle n'est plus supportable. Et l'indécence, c'est le capitalisme financier".
La majorité est en forme. Les jeunes tiennent à le faire savoir...
A gauche, Henri Guaino, conseiller et plume de Nicolas Sarkozy.
A La Rochelle, les socialistes
avaient choisi "La france, qu'on aime". Les jeunes UMP montrent un enthousiasme qui ne se démentira pas pendant toute la durée du Campus. Leur soutien à Nicolas Sarkozy se veut sans failles. Prêts pour les combats futurs, ils demandent un jeune sur chaque liste aux élections régionales. Le chef de l'Etat a fait parvenir un SMS à chacun d'entre eux. "Vous pouvez compter sur moi pour tous les combats" leur a t-il fait savoir dès le premier jour. Et lui, il peut compter sur eux qui n'en reviennent pas et proclament leur foi dans ce leader énergique. Les couleurs de ce Campus: vert anis, bleu France et fuchsia, fuchsia...
"Certains parlent de politique, d'autres agissent. Et vous ? "
Le ton est donné. Pendant que les socialistes se divisent et se disputent pour savoir qui sera qui, ils entendent montrer que, jeunes, ils ont déjà le sens des responsabilités et de l'état de la France.
Les soutiens sont divers.
Valérie Pécresse a mobilisé ses troupes. Candidate à la présidence de la région Ile-de-France, elle sait qu'elle aura besoin de cet enthousiasme communicatif car la bataille sera rude.
Christian Estrosi possède également des supporters parmi les Jeunes populaires. Au total près de 30 ministres ont fait le déplacement des Landes. Nécessaire pour ne pas se couper de ces militants, fer de lance des combats à venir...
Il y a même des locaux. Blanc et rouge, la tenue rappelle celle des fêtes de Bayonne. Le pays Basque est frontalier. Port du béret obligatoire, ou presque.
(Photos pb)
Un jeune UMP 44. Quel département le 44 ?
Loire-Atlantique. Déjà la "branchitude" à l'oeuvre. Jeunes pop', ça fait plus moderne que jeunes populaires... T'es qui toi ? Comme le dit Rama Yade: "le campus c'est les jeunes et je suis très fidèle aux jeunes".
Et elle le prouve en jouant complaisamment au jeu de la photo. Très demandée, la secrétaire d'Etat au sport pose en professionnelle. Toujours le sourire. Toujours un mot aimable y compris sous la tente réfectoire. A Seignosse on ne s'agresse pas, on se tombe dans les bras. Un transfert d'énergie. Un vrai plaisir avant la vraie reprise et son cortège de difficultés.
Mais attention, le patron veille. Et travaille déjà. Vendredi 4, il
propose la nouvelle stratégie internet avec Benoist Apparu. Le site "les créateurs de possibles". La démocratie participative est aujourd'hui incontournable. Objet rompre avec les "ya qu'à" et les "faut qu'on". "Désormais" dit Xavier Bertrand, "il y aura ceux qui parleront de la politique et ceux qui feront de la politique". Une méthode: Je rejoins, je témoigne. J'écris à l'élu, député ou maire, j'invite mes amis à me rejoindre, j'agis à partir du nécessaire... Il suffisait d'y penser !! Merci qui ? Merci Obama et un petit peu Ségolène Royal tout de même... Mais restons discrets.
Secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand est partout. Il accueille les invités, court chercher les ministres. Ici avec Frédéric Mitterrand qui a fait un tabac. Drôle, décontracté, le ministre de la culture a parlé de sa nuit devant son écran de télévision. De sa satisfaction de se voir sur une chaîne publique alors qu'une autre, privée, plus téléréalité que télé, diffusait un truc innommable, "l'horreur de la vulgarité" selon Frédéric Mitterrand, Secret story sur TF1. L'humour fait mouche. C'est un jeune qui lui posait la question de ce qu'il comptait faire pour en finir avec la téléréalité. "Personne n'est obligé de regarder cela" a conseillé le ministre... Trop fort, cette liberté de langage ! C'est monsieur Bouygues, ami du Président, qui a dû apprécier. Frédéric Mitterrand s'en moque comme de son premier commentaire sur Stéphanie de Monaco. Le pouvoir c'est ce que l'on en fait! First, le style. Ensuite le style. Et enfin le style. Il a terminé son intervention en assurant qu'il serait le week-end prochain à la fête de l'Huma, chez les communistes. Poilant, le nouveau ministre, la nouvelle star du gouvernement...
Il reçoit également le Premier ministre et d'autres encore. Mais lorsque arrive Jean-François Copé, pas de Xavier Bertrand dans les parages. Le patron de l'UMP n'est pas copain avec le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale. Peut-être que leurs ambitions respectives, sensiblement les mêmes, les empêchent de briser la glace. Peut-être...
Derrière Jean-François Copé, Yves Jégot, éphémère secrétaire d'Etat aux DOM-TOM. Mais toujours pas de Xavier Bertrand à proximité. Peu importe. Jean-François Copé relance la polémique sur la taxe carbone. "C'est un véritable impôt nouveau". L'Elysée a du s'étrangler devant la transgression caractérisée de son mot d'ordre. A croire que Jean-François Copé veut suivre le même chemin que l'actuel président a suivi naguère en faisant de la résistance alors qu'il était ministre de l'intérieur. Jacques Chirac s'en souvient encore. Passe un fantôme politique, les ailes chargées de reproches...
Dans la majorité, Jean-François Copé. Mais, sans langue de bois qu'il dit avoir jetée aux orties le jour où il a compris que les Français n'étaient dupes de rien, et surtout pas des rodomontades des politiques. Malin, ambitieux et se donnant les moyens de son ambition. Il faudra compter avec lui....en 2017.
Pourtant, Nicolas Sarkozy avait envoyé son voltigeur pour calmer les esprits et rassurer à propos de la taxe carbone. "Il faut être plus sobre en eau" a dit le ministre de l'Ecologie en évoquant la mutation dont a besoin l'humanité. La salle s'est amusée du propos, les journalistes morts de rire , allez savoir pourquoi. Et d'ajouter plus grandiloquent que d'autres: "La France est le leader politique et moral du monde". Mazette ! Les habitants de ce beau pays ont tendance à l'oublier ces derniers temps... Et encore: "la taxe carbone, c'est l'honneur de la parole publique". Certes, mais l'Etat l'oublie quelquefois lui-même !
Un dernier arrivé. Qui est ce jeune homme en jean et pull gris ?
Jean Sarkozy qui sort de chez le coiffeur. Plutôt à l'aise et à son avantage. Le fils du Président discute avec Benjamin Lancar, le responsable des Jeunes populaires, qui est allé le réceptionner. Xavier Bertrand ne s'est pas précipité. Il faut ce qu'il faut... et ne pas prêter le flanc à la critique en faisant de la lèche. Déjà qu'on l'accuse d'être le chouchou de l'Elysée...
Pendant ce temps, dans la salle de presse, le porte parole de l'UMP porte la parole du Président. Plutôt décontracté Dominique Paillé. Aucun nuage à l'horizon. Il dit avoir perçu comme une contradiction entre François Fillon et Nicolas Sarkozy, pas la première, à quoi bon nier ? Il peut être drôle Dominique Paillé. Et capable d'assassiner quelqu'un en quelques mots, mine de rien. Même un ami politique. Il fait le job accoudé au comptoir en attendant l'intervention du Premier ministre...
Le voilà justement François Fillon, un peu soucieux. Arrivé dimanche à 11 heures. Il parle à 11h30, le temps de laisser Xavier Bertrand conclure. "Celui qui vous donne cette audace pour repenser le monde, c'est le Président de la République, Nicolas Sarkozy". François Fillon est assis sur sa chaise au premier rang. Il ne sourit pas. Il a l'air ailleurs. Il a même l'air d'écouter sans entendre, le corps un peu tassé dans son blazer bleu marine... Il semble se concentrer pour dire un truc énorme. Il monte à la tribune. "Ceux qui confondent le prix de la tonne avec un baromètre des relations entre le Président et le Premier ministre vont en être pour leurs frais".
Waouh... Tonnerre d'applaudissements. Les militants exultent. comme le disait Jean-Pierre Raffarin la veille: "la fierté d'un premier ministre se mesure à sa loyauté au Président". Allez, Jean-Pierre. Il doit être très très très fier ton successeur...
Et une raffarinade pour finir.
"Mieux vaut être sarkozyste aujourd'hui que socialiste demain".
Ah, homme énigmatique...
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1 Comments
Un reportage riche en couleurs et en petits détails.