Habilement, et plutôt que de se ruer sur le tribunal, elle vient de placer Martine Aubry devant une alternative. Soit la première secrétaire se résigne à prendre des sanctions contre les socialistes qui ont organisé la fraude dénoncée par les auteurs du livre Hold-ups, si fraude il y a eu lors de la désignation du Premier secrétaire en novembre 2008. Soit elle attaque les auteurs du livre pour diffamation, Ségolène Royal se proposant solidairement de se joindre à elle, afin de défendre l'honneur du parti... 

Pour Martine Aubry, un choix difficile. (photo pb)

Résultat, le PS et son équipe dirigeante sont plongés dans l'embarras. Difficile de reconnaître qu'il y a bien eu tricherie, ce serait se remettre soi-même en question. Tout aussi difficile d'attaquer en justice les journalistes qui ont enquêté. Il faudrait alors examiner le fond. Et sur le fond, manifestement, il y a beaucoup à dire (il suffit de lire les déclarations de certains éléphants pour le comprendre...). Chacun parle d'arrangements, de petits problèmes ici ou là, sans réellement nier que l'ajustement des résultats des consultations est une habitude aussi vieille que le parti ou les hangars de Port-Aviation. C'est vrai à gauche, c'est vrai à droite. Mais on n'en parle peu, car lorsque la majorité est très évidente dans un parti, ce qui se passe à la marge n'interfère pas sur les résultats et intéresse peu... Malheureusement pour Martine Aubry, dans le cas de son élection, il y avait seulement 102 voix de différence. Autant dire qu'aujourd'hui, si la fraude était vérifiée, c'est Ségolène Royal qui pourrait-être installée dans le fauteuil de Premier secrétaire... 

Ce faisant, Ségolène Royal revient aux fondamentaux qui ont fait son succès. Elle se "victimise". Elle a tout d'abord écarté l'idée de revendiquer ce qui lui a, peut-être, été volé: le poste de Martine Aubry. Elle a rejeté la curieuse proposition, proposition anachronique aux relents totalitaires, de certains membres de la direction d'organiser un face à face avec les auteurs du livre pour leur faire rendre gorge. Ces derniers ont, de leur côté, refusé de répondre à l'invitation d'un simili "tribunal populaire", laissant ouvert le chemin des tribunaux de la République que ne veut pas emprunter la direction du PS au prétexte que cela prendrait un temps infini.

La Rochelle: Les militants socialistes réclament et attendent la rénovation.

 Ségolène Royal a fait également état, publiquement, de sa différence. Elle a affirmé que la solitude ne lui faisait pas peur sur le thème "moi c'est moi et eux c'est eux" sinon exprimé, du moins lourdement suggéré. Et, tout en se déclarant solidaire d'un PS "propre" et "transparent", elle s'est adressée avant tout aux militants et aux électeurs Français, certaine qu'ils désirent autre chose que le triste spectacle qui leur est offert. Une façon de prendre rendez-vous avec eux pour les primaires "ouvertes" promises par Martine Aubry qui serviront à désigner le candidat à l'élection présidentielle... L'opinion contre le parti. Une nouvelle fois, en ultime recours ! Revers de la médaille: la plupart de ses soutiens ayant pris de la distance, Ségolène Royal sait désormais qu'elle est quasiment privé de relais efficaces au sein du PS. Elle ne peut compter que sur elle-même ou presque... Et ce nouvel épisode des mauvaises relations entre les deux "dames" du PS ne devrait pas favoriser de nouveaux ralliements.